Langage visuel de Suthany HOUL — Entre image, matière et mémoire
Dans le champ des arts contemporains, ma pratique échappe aux catégories. Elle ne se réduit ni à un médium, ni à un style. Je m’inscris dans un rapport sensible à l’image, où la création devient un mode de pensée et, parfois, une forme de résistance.
Mon langage visuel ne cherche pas à orner ni à distraire. Elle naît comme un geste d’écoute : écoute de la mémoire, des silences, des tensions invisibles. Par l’image fixe comme par l’image en mouvement, j’interroge les manques, les absences, les récits étouffés, en y apposant des fragments de réel, filtrés par le sensible.
Mes œuvres — qu’il s’agisse de séries graphiques, de films courts ou de compositions photographiques — partagent un même souffle : celui d’une attention au monde. Mon regard n’est pas spectaculaire ; il est précis, presque tactile. Je saisis les traces : celles de l’exil, du deuil, des ruptures générationnelles ou culturelles. Mais je n’en fais pas un manifeste. Je propose des formes ouvertes, dans lesquelles chacun peut inscrire sa propre mémoire.
Ce qui caractérise ma démarche, c’est l’hybridation : entre texte et image, entre intime et collectif, entre écriture et montage. L’image devient support de récit, non pas illustratif, mais narratif — un récit qui avance sans paroles, mais avec une intensité rare. Chaque composition devient ainsi un espace de lecture, au sens large : lire un visage, un corps, un effacement, un cri intérieur.
Dans mon univers, les mots sont présents. Mais ils n’arrivent pas en premier. Ils apparaissent en contrepoint, comme des prolongements. Ils donnent à entendre ce que l’image ne dit pas toujours, ou inversement, ils se taisent là où le visuel prend le relais.
Ce dialogue entre image et texte — entre art plastique et écriture — constitue l’un des fondements de mon langage visuel. Un langage qui ne se récite pas, mais se regarde, se ressent, se traverse. Il ne repose pas sur des vers, mais sur une structure émotionnelle, narrative, politique parfois, toujours incarnée.
C’est dans cette tension féconde entre disciplines, entre formes, entre cultures, que se déploie mon œuvre. Une œuvre ouverte, profonde, fragile, et pourtant d’une redoutable précision. Une œuvre qui invite à penser autrement la place de l’art, du récit et de la mémoire dans nos sociétés contemporaines.
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